Tribune libre/Par Dr. Mike JOCKTANE : affaire 𝐄𝐌𝐌𝐀𝐍𝐔𝐄𝐋 𝐍𝐃𝐙𝐎𝐌𝐀, PrĂ©servons la laĂŻcitĂ© et la libertĂ© de culte

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Aprùs avoir ouvert une instruction judiciaire à l’encontre du Prophùte Emmanuel
NDZOMA, le Ministre de l’intĂ©rieur a pris la dĂ©cision, Ă  titre conservatoire, de
suspendre les activitĂ©s de son Ă©glise, « l’Église Synagogue du Gabon ».

Rappelons que la Constitution de la RĂ©publique Gabonaise, en son article 2,
consacre la libertĂ© de culte, ainsi que la sĂ©paration de l’Église et de l’État.
Dans son article premier alinéa 13, notre constitution garantit à tous le droit de
former des communautĂ©s religieuses et prĂ©voit que celles-ci « rĂšglent et administrent leurs affaires d’une maniĂšre indĂ©pendante, sous rĂ©serve de respecter les principes de la souverainetĂ© nationale, l’ordre public et de prĂ©server l’intĂ©gritĂ© morale et mentale de l’individu ».

Soulignons que le ProphÚte Emmanuel NDZOMA, bénéficie du principe de la
prĂ©somption d’innocence jusqu’à son jugement, puisque des enquĂȘtes judiciaires sont en cours.

Pour autant, mĂȘme s’il Ă©tait dĂ©clarĂ© coupable Ă  l’issue de son procĂšs, l’Église Synagogue du Gabon et le ProphĂšte Emmanuel NDZOMA constituent deux personnes, la premiĂšre est dite morale et la seconde est physique, toutes les deux bien distinctes.

Rappelons également que la responsabilité pénale est avant tout individuelle et, à
ce titre, les actes du prophÚte ne peuvent à eux-seuls engager la responsabilité de
l’Église Synagogue du Gabon qui est une entitĂ© indĂ©pendante dirigĂ©e par un clergĂ©
capable d’en assurer la continuitĂ©.

 » Je demande donc la rĂ©ouverture de l’église la synagogue du Gabon. « 

DÚs lors, au-delà des accusations portées contre le ProphÚte, que reproche-t-on
exactement Ă  cette Ă©glise ? Le ministĂšre invoque des pratiques religieuses qui
porteraient atteintes au respect de la vie privĂ©e familiale, aux bonnes mƓurs et Ă 
l’ordre public.

Si les motifs allĂ©guĂ©s n’ont apparemment pas de lien avec les faits reprochĂ©s au ProphĂšte lui-mĂȘme, la concomitance des deux affaires peut tout de mĂȘme
surprendre.

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Certes, la loi permet au MinistĂšre de l’IntĂ©rieur de prendre une sanction administrative, mais seule la Justice est Ă  mĂȘme d’en dĂ©terminer le bien fondĂ©, en vertu du principe de sĂ©paration des pouvoirs exĂ©cutifs et judiciaires.

C’est pour cela que je souhaite que toute la lumiùre soit faite et que la justice soit
saisie afin de dĂ©terminer si la fermeture Ă  titre conservatoire de l’Église Synagogue
du Gabon est justifiée.

En effet, ce sont les juges qui peuvent dĂ©cider si la dĂ©cision du MinistĂšre constitue une ingĂ©rence dans les affaires religieuses et si elle est constitutive d’un abus de pouvoir, car il faut rappeler que les communautĂ©s religieuses s’administrent et gĂšrent leurs affaires de façon autonome.

En attendant que la justice tranche, force est de constater que cette affaire illustre la nĂ©cessitĂ© de rĂ©former le dispositif juridique rĂ©glementant le statut des organisations religieuses, comme j’ai dĂ©jĂ  eu l’occasion de le rĂ©clamer. Lorsque Victor Hugo Ă©crit « Je veux l’État laĂŻc, exclusivement laĂŻc
 Je veux ce que voulaient nos pĂšres, l’Église chez elle et l’État chez lui. », cela signifie, Ă  mon sens que l’État n’a pas Ă  juger des pratiques de l’Église qui relĂšvent essentiellement de la foi et du divin.

C’est la raison pour laquelle, il y a quelques mois, j’ai partagĂ© ma vision de la pratique religieuse dans laquelle je proposais la crĂ©ation d’un Haut Conseil Gabonais des Religions (HCGR) essentiellement composĂ© de religieux et qui aurait, entre autres prĂ©rogatives, de conseiller l’État sur les questions de pratiques religieuses et
d’éthique mais aussi de mener des enquĂȘtes de moralitĂ©.

Je pense qu’il s’agit-lĂ  du meilleur moyen d’accompagner les communautĂ©s
religieuses en garantissant les libertés fondamentales protégées par notre
Constitution que je défends et défendrai toujours pour chaque gabonaise et chaque gabonais.

Au nom de mes engagements et mes convictions politiques, j’attire une nouvelle
fois l’attention de tous sur la nĂ©cessitĂ© de repenser la place de la religion dans notre
sociĂ©tĂ© tout en veillant Ă  ce qu’aucune dĂ©cision arbitraire ne puisse causer du tort Ă  l’Église ou Ă  l’État.

C’est le fondement du principe de laĂŻcitĂ© qui doit garantir que toutes les confessions de foi bĂ©nĂ©ficient d’un traitement Ă©quitable et Ă©gal devant la loi.

Ensemble 
 Maintenant, servons le Gabon !

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