Gabon : « Ne négligeons pas le traumatisme post-électoral subi par le peuple gabonais » dixit Dioumy Moubassango

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Suite à l’annonce du chronogramme de la transition faite par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), les Gabonais se sont exprimés diversement. Certains ont approuvé cette annonce en qualifiant le délai de deux (2) ans de raisonnable, d’autres l’ont jugé trop court et se sont avancés sur une prorogation de la date de la fin de la transition.

« J’ai, pour ma part, sur l’émission « Appels sur l’actualité » de Radio France Internationale, exprimé mon point de vue sur ce chronogramme de la transition. Tout en prenant acte de la publication de celui-ci, j’ai expliqué que le calendrier de la transition venait rassurer une partie de nos compatriotes qui souhaitaient être fixés sur la durée de la transition, autant que les organisations de la communauté internationale. Ce n’est un mystère pour personne que le CTRI a depuis lors usé de plaidoyers et d’une certaine persuasion diplomatique pour tenter de normaliser le pouvoir. Sur cette question de la durée de la transition, il a été indiqué qu’au final, ce sont les Gabonais qui en décideront, à l’issue du dialogue national qui se tiendra prochainement dans notre pays. »

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« Je voudrais faire remarquer, et c’est le vrai objet de ma réflexion, qu’une infime partie de nos compatriotes a rejeté immédiatement l’idée d’un retour du pouvoir aux civils. Même si ce retour à un ordre constitutionnel est ce qu’il y a de mieux pour notre pays le Gabon, le constat est que certains Gabonais sont encore traumatisés par l’issue des élections précédentes, se confondant trop souvent avec répression et désolation. Les expériences électorales du passé ont considérablement altéré la confiance que nos compatriotes pouvaient placer dans le processus électoral. La profondeur de ce désamour est telle que certains en viennent à être rassurés par la présence d’un pouvoir militaire au sommet de l’Etat. C’est un échec pour la classe politique gabonaise. »

En qualité d’acteurs politiques, il nous faut faire face à cette réalité. Il nous faut comprendre la gravité du traumatisme vécu ces dernières années par nos compatriotes. En responsabilité, il nous faut en tenir compte et orienter nos actes au quotidien en ayant aussi pour boussole cette fragilité psychologique. Il faudra composer avec cette variable émotionnelle et comprendre qu’à tout instant, en dépit de notre honorabilité accordée, les populations pourraient nous désavouer si jamais nos actes n’étaient pas conformes à leurs plus profondes aspirations. Nous sommes de ce fait condamnés à nous surpasser, à sortir des schémas qui ont conduit à l’avènement du CTRI au pouvoir. Nous sommes certes dans une période de transition, mais les traces de nos actes politiques vont, elles, demeurer dans le temps. Nous devons donc agir avec une intelligence renouvelée et conforme à la nouvelle situation du pays. Et c’est une lourde responsabilité que de choisir de ne pas éclairer l’avenir avec les torches du passé, comme aimait à le répéter le grand artiste gabonais Vyckos Ekondo.

Honorable Dioumy Moubassango

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