Le premier décès du Covid-19 enregistré sur le sol gabonais survenu aujourd’hui au sein de l’hôpital des instructions des armées d’Akanda, a certainement poussé la confédération syndicale Dynamique Unitaire (DU) à s’interroger, lors de son point-presse de ce vendredi 20 mars courant, sur la mise à l’écart par les autorités sanitaires en charge de la lutte contre le Covid-19 des CHU, des centres hospitaliers régionaux et hôpitaux publics du pays en les substituant par les seuls deux hôpitaux militaires de la capitale.
Sachant que le service de santé civile «est l’interlocuteur de l’OMS, avec qui il travaille habituellement en étroite coordination pour endiguer les épidémies au Gabon» comme nous l’a signalé Jean Rémy Yama, DU trouve parodoxal et aberrant la polarisation de la prise en charge des patients testés positifs au Covid-19 par les deux hôpitaux militaires. Tandis que dans tous les pays touchés par la pandémie du coronavirus, le service sanitaire public reste la «première ligne de défense», l’armée n’intervient qu’en appui. Une situation qui pourrait laisser penser que les hôpitaux publics ne sont «ni préparés ni à la hauteur» à faire face à cette pandémie.
L’exclusion des hôpitaux publics dans la prise en charge des personnes atteintes par le Covid-19 a favorisé la remise en question des actions du gouvernement dans la lutte contre la pandémie Covid-19. À juste titre, par le biais de son président, DU s’est légitimement interrogée: «d’une part sur la lucidité et la sincérité des responsables politiques et administratifs en charge de la gouvernance de la santé publique ; d’autre part, sur, l’efficience de la politique publique d’endiguement de cette pandémie».
Une mise à l’écart qui ne se justifierait pas, puisque les CHU, les centres hospitaliers régionaux et hôpitaux publics seraient des «fers de lance de la prise en charge médicale complexe et de grande échelle». Aussi, selon Jean Rémy Yama, «en termes de capacités d’accueil, d’équipements et de personnel spécialisé de référence, le service public de santé civile est très largement supérieur au service de santé militaire, qualitativement et quantitavement».
Face à ce qui semble être une subversion de l’hôpital public par l’hôpital militaire, DU voudrait savoir dans les moindres détails l’équipement matériel dont dispose les deux hôpitaux militaires pour faire face aux malades du Covid-19, et comment compte-t-il s’y prendre à l’intérieur du pays, puisqu’il n’y a aucun service de santé militaire en province.
Pour DU il n’y a aucun doute, le service de santé militaire ne peut à lui seul assurer la prise en charge des malades atteints du Covid-19 au Gabon, c’est pourquoi le gouvernement doit rapidement mettre en musique le service de santé publique même si celui-ci présente actuellement des insuffisances évidentes.