Mesdames et messieurs, Chers Compatriotes.
Bien qu’ayant souscrit à l’idée de l’organisation d’une Concertation sur la transparence électorale, le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), dans son communiqué de presse du 12 février 2023 dernier, avait émis des sérieuses réserves quant à la sincérité du principal acteur et des autres qui gravitent autour à œuvrer réellement pour l’aboutissement de lendemains électoraux apaisés dans notre pays.
Pour rappel, notre Parti, le RPM, en association avec d’autres forces politiques de l’opposition, qui partagent le souci réel d’avoir des élections transparentes, crédibles et sincères, avait déposé au mois de juin 2022 au Ministère de l’Intérieur et à la Cour Constitutionnelle, un Mémorandum contenant des propositions pertinentes pour débarrasser le Code électoral des scories qui engendrent à chaque élection des contestations suivies de manifestations sauvagement réprimées par les forces de l’ordre.
Chers Compatriotes,
2016 n’est pas si loin de nous. Et nous ne pouvons effacer aussi facilement cette période historique et tragique de nos mémoires ; période marquée par la victoire éloquente de Jean PING confisquée et noyée dans le sang des patriotes avides de changement et de liberté. En ayant en mémoire cette période trouble qui a endeuillé plusieurs familles gabonaises, nous devons nous engager véritablement dans une voie qui écarte toute violence électorale. Et c’est le sens de la démarche du RPM et d’autres formations de l’opposition qui ont appelé de leurs vœux une concertation politique devant aboutir à la meilleure manière de garantir la transparence électorale et la paix sociale aux lendemains des élections générales à venir.
Cependant, le pouvoir en place ne donne aucun gage crédible de sincérité et de responsabilité.
En effet, des signaux inquiétants indiquent clairement que la Concertation actuelle, processus pourtant salutaire, est manifestement plombée.
Comment les Gabonais peuvent-ils être rassurés quand le Ministre de l’Intérieur installe à la tête du Centre Gabonais des Elections (CGE) un Bureau constitué dans des conditions très contestables et de surcroit présidé par un ‘‘pédégiste’’ notoire, précédemment membre du Gouvernement sous l’étiquette du Parti Démocratique Gabonais (PDG) ?
Comment les Gabonais peuvent-ils être rassurés quand, fidèle à sa réputation de « tour de pise », la Cour Constitutionnelle en rejetant le recours formulé par certains partis de l’opposition, a validé le 13 février 2023, jour du lancement des assises de la Concertation –tout un symbole- le bureau présidé par un‘‘pédégiste’’ notoire, en violation flagrante des conditions de neutralité et d’impartialité prévues par l’article 12 nouveau de la loi sur les élections politiques ?
Comment comprendre que la société civile, et le monde religieux, composantes essentielles de notre société, soient exclus de ces importantes assises alors que ces derniers présentent les meilleurs gages de neutralité et d’impartialité pour garantir la paix et par conséquent de succès pour une telle concertation ?
En outre, quelle pourrait être la crédibilité d’une concertation politique caractérisée par la marginalisation des Partis politiques de l’opposition les plus représentatifs, notamment ceux ayant des élus nationaux et locaux, c’est-à-dire ceux réellement engagés dans la compétition électorale ? Dans une démocratie véritable, la majorité et l’opposition se définissent par rapport aux nombres d’élus au Parlement. Or, dans notre pays, le pouvoir légalise cyniquement à tour de bras des partis politiques en vue de noyauter l’opposition.
En effet, en cas de nécessité, il leur demande de s’entendre sur la base de groupements ou de plates-formes, sans fixer en dehors du récépissé de légalisation, des critères objectifs de représentativité. Ainsi, des formations politiques qui ne menant aucune activité, ne possédant aucun élu, se trouvent à vouloir jouer les premiers rôles au motif d’un brumeux principe ‘‘d’un Parti, une voix.’’ Il en résulte dans l’opposition la difficulté d’identifier les Partis les plus représentatifs de ce bord politique. En conséquence, la pratique est désormais établie qu’il revient au gouvernement de composer à sa guise, en l’occurrence, la délégation de l’opposition aux assises de la concertation politique et dans ce contexte, il privilégie les Partis qui lui sont favorables.
C’est l’occasion pour le RPM de dénoncer avec la dernière énergie, les manœuvres de division de l’opposition véritable par une opposition factice à la solde du pouvoir ainsi que les manœuvres constantes destinées à saboter les initiatives susceptibles de favoriser la transparence électorale.
Il en est de même des conditions de préparation de la concertation qui traduisent le manque de considération du pouvoir envers l’opposition. Au lieu de consultations préalables, les Partis politiques, notamment de l’opposition ont été mis devant le fait accompli au sujet du calendrier des travaux, le nombre de délégués et certains points qui auraient pu faire l’objet de débats durant les travaux.
Chers Compatriotes,
Le RPM reste convaincu qu’il est du devoir des Hommes politiques responsables de rechercher en toutes circonstances, des solutions idoines pour sortir le pays de la torpeur et du marasme dans lesquels il est empêtré depuis bientôt quatorze (14) ans. C’est pourquoi la volonté de changer de paradigmes doit être sincère et non une argutie ou un stratagème de plus pour conserver le pouvoir à tout prix.
Mesdames et Messieurs, Chers Compatriotes.
Il est évident que cette concertation comporte les germes d’une inefficacité programmée. Aux doutes de départ se succèdent aujourd’hui des certitudes. Le pouvoir en place n’a manifestement aucune intention de créer les conditions d’élections aux lendemains apaisés par la mise en place d’instruments qui concourent à la transparence électorale. Le cafouillage actuel conforte le RPM dans cette conviction.
Et pour ne pas se rendre complice de cette parodie de concertation, le RPM a décidé de se retirer de ce processus dont la visée véritable n’est ni la transparence des urnes, ni la paix sociale aux lendemains des élections politiques.
Le RPM appelle le Peuple gabonais à demeurer vigilant et à ne pas se démobiliser pour ne pas cautionner ce stratagème mis en place pour soigner l’image du pouvoir auprès de la communauté internationale.
Fait à Libreville, le 15 février 2023.
Alexandre BARRO CHAMBRIER Président du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité