ANALYSE POLITIQUE : Au moment de la prestation de serment

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Le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment ce matin, à la Présidence de la République. C’est le début de son magistère et le point de départ de l’espoir qu’il a suscité auprès des Gabonaises et Gabonais dès son arrivée au pouvoir. Comme tout un symbole, cette cérémonie solennelle a été ouverte au public. C’est une façon de donner une légitimité populaire à son pouvoir en plus de l’euphorie populaire qui avait déjà marqué le coup d’état du 30 août dernier.

Malgré le fait que le Général Oligui Nguema connaisse bien la machine politique et sécuritaire parce qu’il a été chef des renseignements et enquêteur lui-même, il n’en demeure pas moins que défaire un système de corruption, de prédation financière et de falsification qui date au moins de 14 ans, demande du courage, de la volonté et du génie. En plus des autorités militaires, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema aura besoin de s’entourer des plus grandes intelligences de notre pays, pour arriver à faire fonctionner la machine économique, sécuritaire, politique et sociale.

De mon point de vue, il y a 2 dossiers brûlants qu’il doit régler tout de suite: le dossier sécuritaire, parce qu’un pays qui vient de connaître un coup d’état reste extrêmement fragile sur le plan sécuritaire intérieur et extérieur. La tentation pour certains états et groupes de déstabiliser le Gabon au gré de leurs intérêts est grande. Le Gabon, qui progressivement est mis à la touche de la communauté internationale, ne doit pas s’enfermer. Au contraire, les militaires doivent tout de suite utiliser tous les leviers diplomatiques pour éviter que le pays ne soit maintenu en isolement. Un affrontement direct avec les forces étrangères n’est jamais la meilleure chose à faire. En dépit du fait que le pouvoir gabonais soit militaire en ce moment, il faudra user d’une grande diplomatie pour éviter de raidir les positions des organisations internationales ou d’en arriver à un bras de fer.

L’autre dossier qui est une urgence pour le Général, c’est bien la relance de l’activité économique dans notre pays et le paiement régulier des salaires des Gabonais. Le premier test que le président du CTRI devra passer est bien sûr le paiement des salaires ce 25 septembre d’autant plus que cela tombe un mois de rentrée scolaire. Il faut tout de suite garantir la pérennité de l’activité économique de notre pays et éviter les situations de blocage. En dépit de la volonté affichée du Général Oligui Nguema de donner du travail à ses compatriotes en établissant la préférence nationale comme il l’a expliqué au patronat gabonais, ce qui est légitime, la méthode applicable devra tenir compte d’une certaine progressivité et des données qui seront mises à sa disposition par les agences, directions générales habilitées ainsi que l’Office National de l’Emploi. La réunion de haut niveau que CTRI a tenu avec la FEG (la Fédération des Entreprises du Gabon) à la présidence de la République, montre bien que le Général a compris l’urgence de la relance économique.

Sur ce dossier de l’économie gabonaise, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema devra tenir compte du fait que des milliers de ses compatriotes agissent dans le secteur informel et des solutions en termes d’accompagnement doivent leur être proposées. Par exemple pour les femmes gabonaises qui peinent à trouver des places dans les marchés, il faudra leur garantir des places et ce n’est pas le plus difficile à faire. Aussi, des dossiers comme celui des retraites qui concerne à peu près 30 000 personnes, et qui met le front social en ébullition, devra être traité en priorité. Il y a à ce jour trop de nos aînés retraités qui décèdent pour que ce dossier connaisse une lenteur dans son traitement.

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Le président de la transition a déjà indiqué qu’il n’est pas là pour embrasser tous les dossiers mais pour parer au plus urgent. La réforme constitutionnelle qui garantira à notre pays une loi fondamentale insubmersible mais aussi la réforme du code électoral qui permettra plus tard, des élections crédibles, transparentes et apaisées. C’est à ce niveau que le Général Brice Clotaire Oligui Nguema aura besoin du soutien de la classe politique dans son ensemble. Il faut à notre pays montrer un front uni derrière la politique des autorités militaires et cela passe par une adhésion totale de la classe politique à l’action du Général. Les consultations qu’il a déjà menées avec la société civile, les religieux et la classe politique gabonaise montrent bien qu’il l’a compris lui-même.

Le Président de la transition et Général devra aller plus loin que ces simples rencontres. De mon point de vue, il lui faudra obtenir des forces vives de la Nation, une trêve (une accalmie sociale) qui lui permettrait de gouverner sereinement et d’envoyer un message fort aux forces étrangères qui ont commencé à s’agiter. Les organisations syndicales et celles de la société civile par exemple doivent lui garantir un arrêt de grèves et autres revendications pour éviter de le soumettre à une pression, qui est à mon sens inutile pour l’instant. Cet accord ne peut être obtenu que si tout le monde comprend l’ampleur de la tâche qu’est celle du CTRI. Il faut un sursaut d’orgueil républicain pour suspendre momentanément le combat de la défense des intérêts personnels et corporatistes dans le but de donner du temps aux autorités militaires pour opérer les réformes institutionnelles et les ajustements nécessaires pour remettre le pays sur les rails.

En définitive, le Président de la transition et le CTRI devront trancher lorsqu’il s’agira de former un gouvernement de transition, une assemblée constituante et même des missions de délégations spéciales pour les collectivités locales. Les attentes de celles et ceux qui ont déjà annoncé leur soutien au CTRI sont nombreuses. Autant que les organisations de la société civile, les religieux et autres personnages de la diaspora. Il ne faudra pas se rater sur le casting et il faudra absolument tenir compte de la moralité des gens, des soupçons de malversations financières qui pèsent sur les uns et les autres. Le Général est supposé avoir un dossier sur chacun pour avoir géré les services spéciaux. L’exercice est plutôt difficile car il faut un équilibre entre la volonté de faire avec du neuf et la réalité de l’expérience de celles et ceux qui ont déjà exercé des fonctions importantes. Les Gabonais qui jubilent de la prise de pouvoir par les militaires devront être rassurés en ne voyant pas aux affaires celles et ceux sur lesquels se portent leurs soupçons. Sur cette affaire des nominations, le Général joue une partie de sa popularité et du crédit que les Gabonais peuvent lui accorder.

Entre les attentes des autres militaires qui ont aidé à prendre le pouvoir ou ont permis d’afficher une certaine unanimité dans les rangs des forces de l’ordre et de défense, entre les adoubements divers des groupements politiques et acteurs de la société civile, entre la volonté du Général Brice Clotaire Oligui Nguema de réformer le pays par la loi et les attentes légitimes des populations gabonaises, le chantier de l’administration de transition est si grand que le CTRI aura besoin de la bénédiction de nos ancêtres et celle de Dieu Tout Puissant pour atteindre les premiers résultats quantifiables et mesurables. C’est une mission qui peut prendre un certain temps et qui requiert du Général Oligui Nguema beaucoup de sagesse et de discernement, pour comprendre que peu importe le contexte, les Gabonais qui sont pressés de voir le changement, pourraient à tout moment s’impatienter s’ils ne voyaient pas le changement et le lui faire savoir. Militaire de carrière, le Général Oligui Nguema, Président de la transition ne devra garder de l’armée que la rigueur et la discipline et il lui faudra porter les habits du démocrate, du père et de l’homme patient, des qualités qui ne sont pas forcément celles d’un militaire pur. Ses premiers pas ont plutôt montré une certaine cohérence d’actions et habileté politique, qui pourraient lui accorder le bénéfice du doute. Je lui souhaite beaucoup de courage et plein succès car il s’agit avant tout du Gabon notre pays. 🇬🇦

Jo Dioumy Moubassango

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