Journaliste: Bonjour, Monsieur Moudeke. Merci d’avoir accepté cette entrevue pour discuter de la situation actuelle concernant les entreprises qui créent des emplois au Gabon, telles qu’Arise/GSEZ, Comilog, Sobraga et Setrag ou Olam. Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer pourquoi il est crucial de rassurer ces entreprises ?
Jean Paul Moudeke: Bonjour. Je suis ravi de participer à cette discussion. Il est essentiel de rassurer ces entreprises pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ces entreprises jouent un rôle majeur dans l’économie gabonaise en créant des emplois, en contribuant aux revenus de l’État et en favorisant le développement économique. Par conséquent, leur stabilité est vitale pour l’emploi et la croissance.
Journaliste: Pouvez-vous nous expliquer en quoi la stabilité de ces entreprises est liée à la confiance qu’elles ont dans l’environnement des affaires au Gabon ?
Jean Paul Moudeke: Absolument. La confiance est un élément clé pour toute entreprise. Les entreprises, en particulier les investisseurs étrangers, doivent avoir confiance dans la stabilité politique, la sécurité juridique et la prévisibilité des politiques gouvernementales. Si elles craignent des incertitudes ou des changements fréquents dans l’environnement des affaires, elles peuvent hésiter à investir davantage ou même à réduire leurs activités, ce qui aurait un impact sur l’emploi.
Journaliste: Quelles actions le gouvernement gabonais peut-il entreprendre pour rassurer ces entreprises et maintenir un climat favorable aux investissements ?
Jean Paul Moudeke: Le gouvernement a un rôle essentiel à jouer. Tout d’abord, il doit dialoguer régulièrement avec les entreprises pour comprendre leurs préoccupations et leurs besoins. Ensuite, il doit promouvoir la transparence et la prévisibilité des politiques économiques. Cela signifie éviter les changements brusques de réglementations ou de taxes qui pourraient perturber leurs opérations. Enfin, le gouvernement doit s’engager à protéger les droits de propriété et à maintenir un climat d’affaires sûr et stable.
Journaliste: Pourquoi sentez-vous le besoin d’alerter sur la nécessité de protéger les créateurs d’emplois ?

Jean Paul Moudeke: Je prends ma parole parce qu’il m’est arrivé de constater que les créateurs de richesses et d’emplois sont désormais la cible de toutes les campagnes de diffamation sur les réseaux sociaux, orchestrés par des hommes et femmes se présentant comme activistes ou influenceurs, qui n’ont en réalité jamais créé une entreprise. Je condamne cette pratique honteuse.
Journaliste : Tout de même, ne pensez-vous pas que c’est important d’améliorer les conditions de travail de vos compatriotes ?
Jean Paul Moudeke : Personne n’est contre l’amélioration des conditions de travail des employés d’une société. Le fait est que si vous paralysez l’outil de production, avec quoi allez-vous améliorer les conditions de travail de vos employés ? Si l’environnement des affaires est parasité par des déclarations intempestives qui fragilisent l’investissement, comment croyez-vous pouvoir attirer plus d’investissements si la confiance n’existe pas?
Journaliste : Que voulez-vous dire exactement, pouvez-vous illustrer vos propos ?
Jean Paul Moudeke : L’exemple le plus parlant qui illustre ce que l’Etat et les entreprises peuvent faire de mieux est celui de GSEZ. En 2010, l’état gabonais décide d’interdire l’exportation du bois en grumes. Cette décision politique a trouvé sa matérialisation dans la mise en place d’une zone spéciale à régime privilégiée (Nkok) dont le but était et demeure l’industrialisation de la filière bois. Cela a eu pour conséquence directe d’absorber une bonne partie du chômage gabonais en créant des emplois dans la filière bois. Nous avons tous applaudi et le modèle s’est exporté partout en Afrique avec succès. Quand l’Etat et les entreprises travaillent ensemble, le résultat ne peut qu’être positif.
Journaliste : Enfin, quel message souhaitez-vous transmettre aux entreprises et au gouvernement gabonais dans cette période cruciale ?
Jean Paul Moudeke : Mon message est le suivant : travaillons ensemble pour créer un environnement favorable aux investissements, où les entreprises peuvent prospérer et continuer à créer des emplois pour les Gabonais. La confiance est la clé de cette réussite, et cela nécessite une collaboration étroite entre les entreprises et le gouvernement, en l’occurrence le gouvernement de la transition. En rassurant les entreprises qui investissent au Gabon, nous contribuons à un avenir plus stable et prospère pour notre pays.
Journaliste : Merci, Monsieur Moudeke, pour vos avis éclairés et précieux sur cette question importante pour le Gabon.