La corruption est une feuille de route honteusement affichée à la Direction générale de la Solde. Le constat est alarmant. L’on parle des services payant qui aboutissent aux pourcentages de 10 à 40% lors de l’obtention frauduleuse de multiples crédits dans différentes entreprises bancaires. Et encore…
Ce qu’on peut retenir de ce système de corruption, c’est des parrainages pour le suivi des multiples demandes frauduleuses de crédits bancaires. Des fonctionnaires, pour la plupart, peuvent s’ils le souhaitent obtenir frauduleusement en une seule année deux, trois voire quatre crédits dans différentes banques de la place avant le remboursement de chaque prêts contractés. Des manœuvres décriées aujourd’hui par les banques et qui ne peuvent aboutir qu’avec la complicité des agents de la Direction générale de la solde. Cette pratique qui n’a évidemment rien de nouveau en cache une autre.
Les usuriers
Au Gabon, l’accès au crédit est compliqué, a fortiori pour les bas revenus et les classes moyennes. Certains se rabattent sur les usuriers, qui prêtent de l’argent facilement et rapidement, mais à des taux exorbitants. Les fonctionnaires, aux revenus bas mais garantis, sont particulièrement touchés.
Comme dans plusieurs autres administrations, dans les tribunaux ou à la Direction générale de la Solde, des individus gênants interpelleraient des demandeurs de crédits pour permettre au réseau de corruption de s’engraiser.
Seul un œil averti peut comprendre leur manège. Les usuriers, c’est-à-dire ceux qui prêtent de l’argent hors du cadre légal et à des taux démesurément élevés, sont assis près de la Direction générale de la Solde ou aux abords des banques. Contrairement aux banques classiques, qui mettent plusieurs jours à répondre à une demande de prêt, l’usurier propose du liquide sur le champ.
Les fonctionnaires, dont les revenus sont plutôt faibles, mais garantis et transférés sur leur compte en banque, sont les cibles privilégiées des usuriers. Maladie, enterrement, mariage… En cas d’urgence, ces usuriers peuvent fournir des prêts en quelques minutes. En échange, la victime consentante remet sa carte bancaire, son code confidentiel et signe une reconnaissance de dettes. Les taux pratiqués sont parfois autour de 50 %, souvent beaucoup plus. Le remboursement se fait à la fin du mois en cours.
Mais ces dernières années la pratique usuraire a évolué, elle s’est structurée. Car il est facile de faire opposition sur sa carte bancaire et ainsi se mettre à l’abri des retraits du prêteur. Désormais, les usuriers sont devenus des rabatteurs pour des entreprises ayant pignon sur rue. Dans la ville, il y a plein de magasin de vente d’électroménager, et certaines d’entre-elles sont en fait des maisons de crédit cachées.
Le système est bien rodé. Officiellement, le magasin propose à son client une télévision ou un congélateur à crédit, par exemple. Mais en réalité, le client ne repart pas avec un congélateur, mais avec de l’argent liquide. En échange, le client – souvent un fonctionnaire, en tout cas quelqu’un de solvable – signe une reconnaissance de dette. Les taux sont souvent supérieurs à 100 %. Cette pratique, illégale, est connue de tous.
Comment alors l’entreprise peut-elle être sûre que son débiteur va le rembourser ? C’est là que l’affaire se complique. Pour obtenir ce prêt, le fonctionnaire doit fournir plusieurs documents administratifs dont une « attestation de quotité cessible » délivrée par le ministère du Budget. Il s’agit d’un document qui garantit que ledit fonctionnaire est solvable, et qui indique la part de son salaire qui peut être ponctionnée. Car ces entreprises se remboursent grâce à des prélèvements sur salaire, alors même que le prêt délivré est illégal. C’est là encore une fois qu’interviennent les agents véreux de la Direction de la Solde, pour permettre des prélèvements effectués directement chaque mois sur leur compte bancaire durant plusieurs années au bénéfice de l’entreprise prêteuse.
« Pour un prêt de 600 000 Fcfa, certains doivent rembourser jusqu’à 4 000 000 Fcfa sur plusieurs années », dénonce une victime. Des pratiques ayant des conséquences désastreuses pour de nombreux fonctionnaires.
Rappelons que le prêt d’argent entre particuliers est puni de 5 ans d’emprisonnement et 10 millions de Fcfa d’amende en République Gabonaise.