États-Unis: Donald Trump très endetté
Quelques jours avant le «hot mess» que fut le premier débat organisé entre Joe Biden et Donald Trump, le New York Times publiait un scoop dont l’impact est, à l’heure actuelle, encore incommensurable: les «tax returns» de l’actuel occupant de la Maison-Blanche.
Le quotidien américain rendait alors publique une information dont, depuis toujours, Trump redoutait la divulgation plus que l’enfer. Car ces avis d’imposition sont, pour cet homme clamant bruyamment d’infinies réussites de businessman accompli, un regard sans pitié sur la réalité de sa situation économique et financière personnelle –et celle-ci est loin d’être brillante.
Les contribuables américains ont légitimement pu s’irriter du chiffre ayant le plus abondamment circulé depuis cette publication –la somme de 750 misérables dollars [639 euros] que le président américain a payée au fisc de son pays l’année de son élection et la suivante, en 2016 et 2017
Pire: il n’avait pas déboursé le moindre cent lors de dix des quinze années précédentes mais, dans le même temps, s’acquittait de 15.598 dollars d’impôts divers au Panama, de 145.400 dollars en Inde ou encore de 156.824 dollars aux Philippines.
Un autre chiffre devrait alerter non pas les contribuables, mais l’électorat qui s’apprête, en novembre, à lui offrir ou non un second mandat. Les documents révélés par le New York Times montrent que Donald Trump est un homme perclus de dettes, traînant au pied un boulet massif de 421 millions de dollars, auxquels pourraient s’ajouter 100 millions qu’il dispute au fisc.
Comme le note Time, ce n’est pas seulement la preuve tangible d’une réussite pour le moins moyenne en affaires, c’est aussi et sans doute surtout un danger majeur pour la sécurité nationale du pays. Le magazine rappelle que l’un des critères principaux édictés pour refuser l’accès au secret défense à quiconque est l’endettement –certains individus se le sont vu refuser pour des prêts étudiants.
Or, le président de la plus grande puissance mondiale n’est à l’évidence pas quiconque. Et alors que de tenaces soupçons de chantage russe ont fait vasciller la position de Donald Trump, cette révélation d’une dette personnelle de plus de 400 millions de dollars met les spécialistes du renseignement en émoi.
«Ses efforts continus pour dissimuler sa situation financière et mentir à ce propos constituent une menace potentielle pour la sécurité nationale», déclare au Time John Sipher, vétéran de la CIA. «Le fait que des organisations criminelles ou des services de renseignement étrangers puisse avoir connaissance de ces mensonges leur offre un moyen de pression inacceptable».
Ces dettes, dont il pourrait devoir rembourser une partie pendant un éventuel second mandat, sont un angle d’attaque formidable pour toute puissance étrangère souhaitant s’attirer ses faveurs. Afin de faciliter leur effacement, elles pourraient le pousser à infléchir la politique économique ou commerciale internationale des États-Unis, au prix de dommages collatéraux, favoritismes et injustices importantes, tant sur le plan national qu’international.
La nébuleuse affaire TikTok, dont le patron d’Oracle et proche de Trump Larry Ellison semble être l’un des grands gagnants, pourrait être une parfaite illustration des liaisons dangereuses que la situation fait potentiellement naître.
«Cette dette massive fait sonner de nombreuses alarmes, et nous ne savons pas jusqu’où cela peut aller», déclare au Time Richard Painter, juriste et spécialiste d’éthique à la Maison-Blanche sous George W. Bush.
Source: slate.fr