Monsieur le ministre de la communication, Messieurs les présidents d’institutions, Messieurs les représentants du corps diplomatique, Messieurs les représentants des organisations patronales des journalistes, Chers collègues, distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Il est de tradition que chaque année, nous célébrions la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Il s’agit, en effet, d’un événement commémoratif, plein de sens et qui nous rappelle sans cesse, le parcours oh combien difficile, de notre mouvement vers la liberté.
Alors que nous actons cette énième célébration, le devoir nous impose de faire le point.
Oui, à mesure que nous avançons vers les voies de la raison, il convient toujours de nous rassurer de ce que les bases si difficilement établies sont jalousement préservées, et de ce que les mutations essentielles souhaitées, sont observables.
La liberté de la presse a fait son chemin, même si dans certaines régions du monde, des améliorations doivent être faites.
Au Gabon, des progrès sont visibles. Avec 12 points gagnés dans le classement 2022, il est évident que nous avons fait un bond non négligeable. La liberté de la presse, tout comme l’État de droit, sont des faits qui ne peuvent être récusés.
Mesdames et messieurs
La thématique retenue pour cette année : « le journalisme sous l’emprise du numérique », illustre bien le nouvel environnement auquel la presse, de façon globale, fait face, mais aussi et surtout les nombreux défis auxquels elle est exposée.
Le journalisme est aujourd’hui à la croisée des chemins et des réformes profondes, structurelles s’imposent à notre environnement. Les méthodes de collecte, d’analyse et de diffusion de l’information sont, même si facilitées, devenues très exigeantes. Elles requièrent des équipements particuliers, souvent de haut niveau, qui nécessitent un investissement non négligeable.
Le numérique a tout transformé. Il a tout bouleversé.
La viabilité des entreprises de presse est aujourd’hui durement éprouvée par ces mutations. Pour relever les nombreux défis, devenus peu à peu des exigences, des soutiens s’imposent désormais avec force.
La subvention allouée à la presse aurait pu contribuer à limiter la casse. Mais son amaigrissement, observé ces dernières années, constitue une réelle préoccupation.
Le marché publicitaire est quasi inexistant. Les entreprises ne passent des contrats qu’avec les médias d’État. À ce titre, je souhaite de façon solennelle louer les efforts de deux grandes entreprises qui font l’exception. Il s’agit du groupe Gabon Spécial economic zone (GSEZ), et de la Société d’exploitation du transgabonais (SETRAG), filiale de la Compagnie Minière de l’Ogooué (COMILOG), qui ont très tôt compris que la presse privée est une composante essentielle par laquelle la République se construit, et qu’il y a nécessité de la soutenir.
Aujourd’hui, il y a nécessité de restructurer la presse privée gabonaise à travers une sorte de plan Marshall, qui consisterait à accorder aux médias privés des lignes de crédit dans les institutions financières de référence.
Mesdames et messieurs,
Il y a aujourd’hui urgence de sauver la presse privée et ce discours, dont j’ai l’honneur de prononcer, est un plaidoyer formulé à l’égard des plus hautes autorités de la République.
La presse privée gabonaise est déficitaire. L’épanouissement du marché du numérique est tel que de nombreux tabloïds cumulent des invendus. Les dépôts de bilans foisonnent. Les plus tenaces, durement éprouvés du fait de la crise covidienne, ont atteint leurs limites.
Il est aujourd’hui impérieux de développer des projets incitatifs pour voir ce secteur s’améliorer, et continuer d’assurer ses missions régaliennes.
Si le président de la République Ali Bongo Ondimba a réussi le pari au plan judiciaire, ce en actant la dépénalisation des délits de presse dans la loi portant code de la Communication promulguée en 2016, ce qui est une grande avancée pour nous autres journalistes, nous pensons aussi qu’il peut en gagner un autre: celui de la viabilité des médias privés, désormais à bout de souffle.
Les technologies numériques ont drastiquement révolutionné notre secteur. C’est pourquoi nous pensons que de nouveaux modèles économiques, plus efficaces et adaptés, sont nécessaires. Leur effectivité n’incombe pas qu’à la presse privée seule, mais aussi et surtout à l’État, qui doit en créer le cadre et permettre des facilitations.
L’ère du numérique offre des potentialités immenses. Elle impose de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de travail. Elle exacerbe la compétitivité. Elle exige la qualité.
Pour relever ces défis, la presse privée a besoin aussi bien de moyens, que d’assurances.
C’est pourquoi, à l’occasion de cette énième édition, j’invite les principaux représentants des regroupements de presse, à une unité de réflexion et d’action. Les grandes banques à aider le secteur à conserver sa dignité.
Les entreprises, quelqu’elles soient, à suivre l’exemple de GSEZ et SETRAG.
Et les plus hautes autorités à accompagner la presse privée gabonaise dans son processus de développement.
Je vous remercie
Stive Roméo Makanga, président du Comité de pilotage