Lettre ouverte de JOVANNY MOUBAGNA au nouveau régime Putschiste 

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J’ai envoyé un long message implicite , depuis quelque temps, je crois, au Président de la Transition. Je pensais qu’il était plus disponible que les autres et qu’il réagirait à mon message. Malheureusement, lui aussi a fait comme les autres. Comme les autres, le temps ne le lui a pas peut-être permis. Le message n’ayant rien de secret, j’ai décidé de le rendre public, sous forme d’une contribution. Je précise d’ores et déjà que je ne suis un spécialiste de rien du tout. Je ne suis qu’un étudiant en Master recherche droit public, citoyen engagé et président fondateur du mouvement SOS#Gabon, citoyen de bonne volonté qui a tenu, depuis quelques années, à cultiver modestement sa part du jardin national qu’est le Gabon, notre Gabon à nous tous et à nous toutes. Ce qu’on appelle les 11 mois de nos nouveaux gouvernants ne me laissent alors pas indifférent.

J’ai commencé donc mon message par féliciter en condamnant le coup d’État de Monsieur Brice Clotaire Oligui Nguema, je le voyais plus loin. C’est vrai que le poste de président de la transition ne lui convient parfaitement. Peut-être même que demain, il ne pourrait plus être à la tête de la République, ce qui serait une excellente chose pour cette institution.

En attendant, comme il est plus proche avec le peuple que son gouvernement, j’ai voulu passer par lui pour donner mon humble avis sur la manière dont ils conduisent les affaires publiques depuis le lendemain du 30 août 2023.

D’abord, je pense humblement, et beaucoup de compatriotes avec moi, que le rythme de la transition est lent. C’est vrai que les Gabonais_es demandent plus et les ressources financières ont été mobilisées répondre aux priorités . Aussi, certaines sociétés d’Etat ont été auditer, dit-on, prés de soixante-dix structures, y compris certainement beaucoup de ministères. C’est un bon choix, puisque les résultats leur permettront de s’entourer de toutes les garanties et de clouer ainsi le bec à certains de nos compatriotes de l’autre côté de la barrière qui seront prompts à crier : « Encore la chasse aux sorcières ». Mais, en attendant, les dizaines et dizaines de dossiers qui dorment sur la table des juges et sur celle du Procureur de la République, doivent être exploités. Y compris d’ailleurs ceux qui épinglent lourdement les dernières années de gouvernance des pédégistes restants de la liste dressée par les enquêteurs. Certains présumés délinquants qui ont honteusement détourné des centaines de milliards à des fins personnelles au détriment de l’intérêt général .

Certains de ces nombreux dossiers ont été publiés et, depuis lors, aucun des mis en cause n’a été convoqué par la justice, en tout cas pas à ma connaissance. Sauf la yougteam. Or, de nombreux compatriotes attendent avec impatience que les premiers délinquants soient envoyés en prison et dépouillés des biens qu’ils ont honteusement volés au peuple.

J’ai aussi parfois des problèmes devant certaines nominations. L’exemple qui retient mon attention parmi tant d’autres, ce sont les récentes nominations de certains compatriotes diaspora, société civile , pédégistes d’hier et d’aujourd’hui. Mon frère Z m’a envoyé un message que j’ai transférée à X. Elle nous rappelle qui sont réellement ces nouveaux promus, ou qui ils étaient. Quand j’ai écouté la population gabonaise, j’ai failli tomber à la renverse. J’ai envoyé d’ailleurs un court message à X , que j’ai ensuite transféré à un proche collaborateur de Y. Le voici d’ailleurs, pour que personne n’en ignore :
« Mon frère, toi qui es plus près d’eux, tu dois leur suggérer de faire davantage attention au passé de ceux et celles qu’ils nomment. Ces nominations doivent faire mal aux vrais patriotes qui ont porté l’espoir pendant plusieurs années et dont le profil n’a vraiment rien à envier à celui qui nous présente un certain kounabélisme passé ».

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Á mon humble avis, nos nouveaux gouvernants doivent s’attarder encore plus sur le passé des gens avant de les nommer à quelque poste que ce soit. Aujourd’hui, de plus en plus de compatriotes se posent légitimement des questions sur le népotisme qui serait à la base des actes de nominations de certains ministres, et surtout certains DG & SG. Leurs ministères seraient devenus finalement pour eux comme une famille, avec d’anciens membres du régime BONGO bien connus. J’ai employé le conditionnel, ne disposant pas de preuves que les informations agitées çà et là sont avérées. Je ne le fais d’ailleurs que par sagesse.

Nos gouvernants doivent aussi d’ores et déjà se pencher sérieusement sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique. Aujourd’hui, les recrutements, les augmentations de salaires et octrois d’indemnités diverses ne s’appuient, pour l’écrasante majorité, sur aucune base légale. L’une des conséquences, c’est que la masse salariale devient de plus en plus insupportable. Si on n’y prend garde, elle pourra aller jusqu’à absorber jusqu’à 70% du budget. Ce serait injuste puisque les agents de l’État ne dépassent pas 103.000, soit moins de 1% de la population.
Il faut donc penser d’ores et déjà à remettre tout ce système à plat, donc le réformer profondément. Dans cette perspective, des Assises, comme celles du monologue d’angondjé , doivent être rapidement organisées. Elles devraient avoir pour objectifs, notamment de mettre un terme à l’iniquité qui caractérise ce vieux système, que les vieux politiciens et leur successeur ont mis sens dessus dessous, surtout avec ces diverses indemnités qu’ils attribuaient à tout va, et à la tête du client.

Une réforme profonde de ce système est nécessaire, réforme qui ne peut pas se faire sans des sacrifices. Des sacrifices qui doivent d’abord venir de nos gouvernants comme vous l’avez fait même s’il ya encore certains doutes.
Dans un pays qui fait partie des vingt-cinq les plus pauvres et les plus endettés du monde, les salaires les plus élevés ne devraient pas dépasser trois à cinq millions. De même, le nombre et le montant des diverses indemnités devraient être notablement diminués. Dans un pays comme le nôtre, avec son taux de pauvreté et de chômage à 45% particulièrement élevé, on ne devrait pas se permettre d’attribuer des indemnités au premier venu, des indemnités de 1 jusqu’à 50 millions de francs. Du temps des pédégistes il faut le leur reconnaître avec gravité l’essentiel de ces indemnités étaient attribuées à des corps aux amis, cousins, tantes, neveux, etc..
Nos gouvernants devraient aussi avoir le courage de repenser ce qu’on appelle les « fonds communs », qui enrichissent rapidement certains fonctionnaires et autres agents de l’État. Les justifications qu’on en donne jusqu’ici deviennent de plus en plus inacceptables. Et que personne ne m’oppose ces droits dits acquis. Acquis par rapport à quoi ? Et puis, quel mérite les bénéficiaires de ces « fonds » ont-ils de plus que les médecins affectés dans les localités parfois des plus déshéritées du pays et qui, avec des moyens limités, y abattent un travail presque de titan, notamment en y faisant reculer notablement les maladies les plus craintes, surtout par les femmes et les enfants ? En quoi sont-ils plus méritants que les proviseurs, les professeurs, les surveillants et autres qui, chaque année, font les meilleurs résultats aux différents examens ? Ces questions méritent quand même d’être posées. Il convient aussi de le signaler : ces privilégiés de la République, ils le sont réellement ne ratent pas leurs parts du gibier, à chaque lotissement de l’une de nos réserves foncières. Ils se les ont d’ailleurs pratiquement toutes partagées, avec d’autres privilégiés de la République et se retrouvant, les uns et les autres, avec plusieurs luxueuses maisons, presque toutes des R + . . . . . . Pendant ce temps, de jeunes couples sont à la recherche désespérée d’une seule parcelle de 150 m2. Nous ne comprendrions pas qu’un gouvernement de ruptures ne prenne pas ses responsabilités devant une telle situation.

Une autre priorité, c’est de réformer profondément l’administration, notamment en la dépolitisant et en l’allégeant, au niveau central comme au niveau décentralisé ou territorial. Il y a trop de directions générales, de directions, de présidences de conseil et de surveillance. Il y a trop de secrétaires généraux de ministères. Au moment où les pédégistes quittaient le pouvoir, il n’y en avait pas un directeur du contrôleur budgétaire. Aujourd’hui, tous les ministères en nomment, copains et coquins y compris ceux qui pouvaient vraiment s’en passer. On peut faire la même remarque concernant les directions de l’administration générale de certains établissements comme la CDC, CNSS, GOC, Gab’Oil, Sogara, Oprag,etc. Un secrétaire générale adjoint 1 et de l’équipement suffit bien pour certains ministères.

Au niveau territorial, on remarque les mêmes excès : notre pays compte trop de régions, de départements et d’arrondissements. Du moins, c’est mon humble avis. Nous devrions nous contenter de 30 départements au plus. Des communes et des départements ne le sont que de nom. Pour ne m’arrêter que sur un exemple, le Département de pana, n’en est vraiment pas un. Il manquerait pratiquement de tous les équipements. Jusqu’à une date récente, il ne compterait pas un seul kilomètre de goudron. Il peut en être de même d’ailleurs des Départements de l’abanga-Bigne, Komo-Océan, qui ne sont pas loin de cette situation.

Et que dire de nos communes ? Elles sont plus de 52, dont la plupart ne le sont, elles aussi, que de nom. Nombre d’entre elles ont du mal à réunir le budget qui leur fait vivre. En outre, le personnel qui les gère est loin d’être à la hauteur. Des secrétaires municipaux en particulier, on en trouve qui n’ont aucune idée du budget, ni du reste du fonctionnement général d’une commune. La communalisation intégrale n’est pas forcément un bon choix. Je connais, dans un département, deux communes qui sont côte à côte et qui feraient à elles deux, une commune qui serait à peine viable. Le système communal devrait donc occuper une bonne place dans les réformes nécessaires que nos nouveaux gouvernants devraient prendre, et qu’ils prendront sûrement.
Les dizaines de projets de loi annoncés par la primature s’inscriraient peut-être dans cette perspective.

JOVANNY MOUBAGNA

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