Transition/CTRI-Gouvernement : Ndong Sima vit-il ses derniers jours ?

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Trois mois après avoir acté sa nomination, le pouvoir militaire de Libreville se dédouanerait-il déjà du choix de Raymond Ndong Sima au poste de chef du gouvernement ? C’est du moins ce que pensent aujourd’hui les gabonais qui, dans leur majorité, estiment, que ce choix relèverait plutôt d’un mauvais casting politique. Au regard des divergences dans l’exécution des décisions prises en amont par le Comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI) et leur exécution, en aval, dont le gouvernement devrait être à la manœuvre. En effet, le pragmatisme militaire qui a l’ambition d’aller vite et bien aurait pris le dessus sur l’apathie de l’action gouvernementale. Qui, de tout point de vue, se cherche encore.

Une probabilité qui serait davantage renforcée par une rumeur, non vérifiée, qui prétend à Libreville et dans certains milieux du pays, un potentiel « clash » de non convergence de vue entre le président de la transition, chef de l’État et son chef de gouvernement dans la mise en œuvre des objectifs de la transition qui visent à mettre le pays sur les bons rails de son « essor vers la félicité ». Afin de redonner confiance et espoir aux gabonais.

La gestion du dossier de l’administration publique dont le gouvernement semble avoir mis un coup de pied dans la fourmilière est très mal perçue par les détracteurs de l’action ou encore du choix de Raymond Ndong Sima. Bien qu’ayant déjà été nommé à la fonction sous l’ère Ali Bongo Ondimba, ces derniers estiment que le natif d’Oyem n’aurait plus rien à proposer ni prouver aux gabonais. Dans la mesure où, en tant qu’ancien opposant a l’ancien régime déchu, les réformes qu’il a proposées dans ce cadre, seraient inadaptables avec l’engagement du CTRI. Qui entend répondre favorablement à la satisfaction et aux attentes du peuple gabonais après les quatorze années d’un marasme de gestion politique, économique et sociale du pays. Ces points de divergence sont également traduits dans le dossier de la task force dont le premier ministre aurait déclaré ne pas avoir vu le rapport. Impensable. Comme le disait le Libano franco gabonais Robert Bourgi : »le Gabon est une poudrière », Raymond Ndong Sima est désormais assis sur un fusible. Tant plus que le gouvernement devrait s’adapter au rythme instauré par le pouvoir militaire. Ce qui, visiblement, ne semble plus être ou ne semble pas être le cas pour l’heure. Or, quand on est président on décide et on tranche. Il ne suffit plus de prétendre à l’efficacité pour durer dans le temps. Il s’agit plutôt de l’action.

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Au plan politique, la déchéance de Raymond Ndong Sima serait peut-être, comme le disent certaines opinions, tombée sous le coup des antagonismes et des opportunismes politiques récurrents dans sa province natale du Woleu-Ntem. Dont certains auraient du mal à supporter le choix précipité de Raymond Ndong Sima de la tribu minoritaire des yeffah à la tête du gouvernement, alors que d’autres auraient voulu voir la nomination de l’actuel Ministre des comptes publics – ancien Directeur financier d’Elf et de Total, Charles Mba. Les antagonismes ainsi créés pourraient se traduire également par le dossier du prétendu séjour du président de la transition gabonaise, le Général de Brigade Brice-Clotaire Oligui Nguema dans la province du Woleu-Ntem. Un dossier dont Raymond Ndong Sima a exprimé son courroux pour ne pas avoir été mis au courant ni associé. « Si vous trouver que je ne fais pas l’affaire vous me dites », a lancé le locataire de l’immeuble du « 2 décembre » au cours d’une réunion avec les ressortissants de la province.

Cela pourrait évidemment donner raison au chef du gouvernement. Car on se poserait la question de savoir si dans le contexte actuel, le pouvoir de la transition a besoin de tournées républicaines. Si oui à quelle fin et dans quel intérêt si ce n’est pour contenter les « salafistes » opportunistes pour l’embrigadement du pouvoir. Alors que des visites dans le cadre du lancement des projets innovants et structurants ou encore l’inauguration des infrastructures contribuant au développement du pays auraient suffi pour crédibiliser l’hypothèse d’un déplacement du chef de l’État en province.

Thierry Mocktar

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