Il est bon d’avoir vécu au village avec ses grands-parents, il est bon d’avoir fait toutes ses classes et d’être capable de faire preuve de sagesse, quand il s’agit d’analyser les faits de la société gabonaise. Chacun doit savoir que nous sommes à un tournant important de l’histoire politique de notre pays. Les grands médecins ont épuisé les diagnostics et les traitements. Les grands stratèges ont fini de tourner et de retourner la situation du Gabon.
Nous sommes à une étape où la greffe politique est systématiquement rejetée par le corps du patient Gabon.
Nous avons tout vécu, discours, promesses, détournements, nominations approximatives, transhumance politique, soumission et courtisanerie. Tout ceci pour expliquer et justifier une situation qui n’exigeait à personne d’être un génie pour la résoudre. Les assemblages de bric et de broc, le débauchage politique trop prévisible, les menaces et humiliations ne font plus recette. Que faut-il faire donc pour soigner le patient Gabon.
Lorsque vous vous fabriquez vous-même vos applaudisseurs, et que vous désignez vous-même vos contradicteurs, il y a de fortes chances que vous n’entendiez que ce qui plaira à votre oreille. Vous évoluerez donc dans une prison dorée et confortable, aveugle et sourd à l’évolution de la société qui vous entoure. Que faut-il attendre d’un médecin qui croit dur comme fer, que le patient n’a rien à dire et qu’il ne connait pas de quel mal il souffre.
En plus d’une décennie de politique, je n’ai jamais vu le patient Gabon aussi déterminé à changer de médecin. Le plus difficile est que malgré les cris de douleur de ce patient, le médecin traitant et ses infirmiers pensent qu’il s’agit d’une simple fièvre. Même Albert Schweitzer, qui arrachait dit-on, les dents des indigènes sans anesthésie, aurait eu l’intelligence, dans cette période précise, d’essayer autre chose.
L’homme politique est malheureusement ce qu’il a toujours été, pour le comprendre, il suffit de consulter son histoire. Pour se réinventer en politique, il faut écouter et pour écouter, il faut être disponible et disposé. Les grands hommes sont enseignables, ce n’est visiblement pas le cas pour certains ici.
Nous avons complètement par notre agir politique, désintégré l’autorité. Plus personne ne veut en être soumis, chacun voulant s’en affranchir. Voici la triste fin d’un médecin qui pensait soigner un patient, dont il n’a jamais compris la maladie. Mon père m’a lancé un jour : « Nous sommes contre le mur, parce que personne d’entre nous, ne peut prédire l’avenir de notre pays, nous ramons simplement ».
Jo DIOUMY MOUBASSANGO