[LE POISSON POURRIT TOUJOURS PAR LA TÊTE]

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Dans un pays où il y a une justice partiale. Les personnes ayant un certain statut au sein du pouvoir ne peuvent jamais être inquiétées. Elles peuvent tout se permettre tandis que les pauvres et les proches des opposants, activistes et lanceurs d’alerte sont arrêtés et jetés en prison sans remords. En conclusion, la prison semble avoir été faite pour une certaine classe sociale et non pour tous les citoyens.

64 ans d’indépendance, que du gâchis !

A la proche du 17 août 2024, le gabon célèbrera le 64ᵉ anniversaire de son accession à l’indépendance. Au-delà de la méditation observée, il est essentiel de porter un regard critique sur la situation actuelle de notre pays. Cet exercice me parait indispensable à bien des égards, pour ne pas réduire la portée historique de cette commémoration.

Qu’avons-nous fait du pays que les pères de notre indépendance nous ont légué ? Le Gabon, transmis à notre génération comme un patrimoine à partager avec la jeunesse, est toujours en proie à l’incertitude quant à son avenir. Qu’avons-nous réellement accompli depuis notre indépendance ?

Oubliés, « l’état de droit » et sa jumelle, « la bonne gouvernance ». Ces deux concepts ne reviennent plus dans aucun discours officiel du gouvernement illégitime ! Ils en ont été bannis. A s’imaginer que des gens sont allés dans la rue de 1990 en 2023 et sont morts pour ça.

A la place, les anti valeurs autrefois décriées ont refait surface, révélant de ce fait, la véritable nature du pouvoir issu du coup d’Etat. Des fléaux comme le tribalisme, le clanisme, lethnocentrisme, népotisme, l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques, la corruption, l’enrichissement scandaleux et l’impunité ont atteint des proportions alarmantes, dépassant largement ce que notre pays avait connu auparavant.

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Il y a un peu plus de 11 mois, le 30 août 2023 marquait un tournant politique de notre histoire notamment par le coup d’Etat des putschistes au pouvoir qui avait suscité un réel espoir chez certains gabonais et posé les bases d’un nouveau départ pour le pays. Surgissant sur fond de grave crise post-électorale de l’époque, cet espoir a rapidement cédé la place à la désillusion pour nos concitoyens. Faute de volonté politique, l’idéal du « peuple d’abord », une autre forme d’indépendance, n’a pas connu un début de matérialisation ; ouvrant la voie à l’inquiétude et à la déception pour ceux qui, aux quatre coins du Gabon, avaient rêvé d’un changement désormais hypothétique. Au cours de la tournée républicaine, personne n’a évoqué « le peuple d’abord ». Et dans le programme du nouveau gouvernement, il n’en est pas fait mention. Comprenne qui pourra.

Comme la guerre de Troie, « le peuple d’abord » n’aura pas lieu. Ceux qui l’avaient prêché n’en parlent plus et ceux qui y avaient cru ont cessé de rêver pour préserver leur santé mentale au risque d’un AVC. Ceux qui ont osé le rappeler aux autorités, dans le cadre de « l’oppression de la dictature militaire », notamment GAËTTAN AYAMIE, STEMPY LOVE OBAME, les syndicalistes de la SEEG ont appris à leurs dépens. Arrêté, STEMPY peine en détention arbitraire à la prison centrale de libreville depuis bientôt un mois. Au Gabon et à travers le monde, des voix appelant à sa libération se multiplient. En réponse ? Silence radio des confessions religieuses, politiciens,membres de la société civile et activistes d’hier. C’est le second suicide du régime en place, et le message est clair. Le peuple d’abord est une parenthèse définitivement fermée. Oser l’ouvrir est un crime, une infraction ou une contravention passible de détention arbitraire au B2 et à la Prison centrale de Libreville. Hélas !

Au-devant de nous, une évidence s’impose, la dictature est en marche au Gabon, et face à elle, point des concessions, la combattre est notre objectif commun.

En ce temps de tumultes pour notre pays, nombreux ont choisi la voie de la facilité ou tout simplement renoncé à défendre notre cause commune, le Gabon tel qu’imaginé et projeté par les pères de l’indépendance. Entre l’opportunisme, la soumission, l’asservissement volontaire, kounabélisme et la résistance, mon choix va à la résistance pacifique. Car le Gabon mérite mieux.

Aristote disait avec éloquence gravisssime que « l’État de droit, c’est créer chez l’individu la capacité de se gouverner et de gouverner. » 

JOVANNY MOUBAGNA

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