Sous le couvert de la promotion de la démocratie par la concertation politique permanente au Gabon, la problématique « du financement des partis politiques légalement reconnus » par la législation du pays, est de plus en plus perçue, comme une arnaque électorale par de nombreux observateurs de la scène politique locale. Le schéma en vue de percevoir le franc électoral, pourrait de nouveau, être mis en branle à l’occasion des prochaines élections politiques qui seront organisées dans le pays. Alors que l’on connaît parfaitement la situation peu envieuse des caisses publiques de l’État qui n’augurent pas un excès de zèle dans les dépenses superflues.
Émanation des « Accords de Paris » de 1994 par la voie référendaire, le Conseil national de la démocratie (CND) qui en est l’organe de régulation, reste également au cœur de controverse. Au regard de la léthargie dans son fonctionnement. Alors qu’il s’observe depuis plusieurs années, une floraison de création de partis politiques dans le pays de manière complaisante.
Il n’en demeure pas moins que les compétences dévolues au CND révèlent d’une constante, à savoir celle de l’impérieuse nécessité d’une concertation politique et sociale périodique de prévention et de règlement pacifique des conflis politiques et sociaux qui sont récurrents dans plusieurs partis politiques au Gabon. Alors que les acteurs politiques privilégient, à n’en point douter, le cadre du dialogue politique et de la concertation comme étant plus approprié par rapport au Conseil national de la démocratie. Toute chose qui remettrait en cause l’existence même du CND.
En prélude aux élections de 2023, la Présidente de la Cour Constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, dans le souci de voir se dérouler des consultations populaires apaisées, avait appeler « les acteurs politiques du pays concernés par la question électorale au sens de l’anticipation ». Notamment « ceux d’entre eux dont les partis politiques font l’objet de scissions de saisir les juridictions compétentes pour régler définitivement les dissensions qui les opposent, au risque de compromettre sérieusement leur participation aux compétitions politiques à venir ? ». L’appel de la gardienne des lois sera-t-il, pour le moins, entendu ? Quand on sait que de très nombreux « leaders politiques » sont abonnés absents à la formation de leurs militants au processus électoral.
A la faveur d’une démocratie en gestation comme au Gabon, la création de partis politiques est devenue une règle d’or pour certains groupes d’individus. Qui y trouvent une occasion pour profiter du franc électoral à travers le mécanisme « du financement des partis politiques légalement reconnus ». Une disposition que d’aucuns jugent aujourd’hui caduque.
En effet, de nombreuses formations politiques n’existent plus que de nom, sur le fond et dans la forme, en dépit de leur statut de « légalement reconnu ». Car non représentés au parlement ou ne disposant pas d’au moins un élu local. Ne serait-il pas là une occasion de revoir les critères d’attributions de la subvention allouée aux partis politiques ? Qui devrait être ou pas éligible ?
Les pouvoirs publics gagneraient à suspendre des activités ou même dissoudre ces associations dont les principaux responsables ne s’activent en rien pour assurer la formation de leurs militants sur le processus démocratique du pays et l’État de droit.
S’il ya bien une constante chez certains des acteurs politiques c’est de clamer haut et fort le retard du financement des partis par l’État. Ce qui laisse à se demander si ces leaders politiques ne doutent pas de l’importance de la démocratie plurielle et de son importance dans le pays. Et non de faire de ces agapes de « pecadilles » des « mangeoires » politiques. Au regard de leur manque d’efficacité et de responsabilité sur l’échiquier politique national.
Thierry Mocktar