AprĂšs avoir ouvert une instruction judiciaire Ă lâencontre du ProphĂšte Emmanuel
NDZOMA, le Ministre de lâintĂ©rieur a pris la dĂ©cision, Ă titre conservatoire, de
suspendre les activitĂ©s de son Ă©glise, « lâĂglise Synagogue du Gabon ».
Rappelons que la Constitution de la RĂ©publique Gabonaise, en son article 2,
consacre la libertĂ© de culte, ainsi que la sĂ©paration de lâĂglise et de lâĂtat.
Dans son article premier alinéa 13, notre constitution garantit à tous le droit de
former des communautĂ©s religieuses et prĂ©voit que celles-ci « rĂšglent et administrent leurs affaires dâune maniĂšre indĂ©pendante, sous rĂ©serve de respecter les principes de la souverainetĂ© nationale, lâordre public et de prĂ©server lâintĂ©gritĂ© morale et mentale de lâindividu ».
Soulignons que le ProphÚte Emmanuel NDZOMA, bénéficie du principe de la
prĂ©somption dâinnocence jusquâĂ son jugement, puisque des enquĂȘtes judiciaires sont en cours.
Pour autant, mĂȘme sâil Ă©tait dĂ©clarĂ© coupable Ă lâissue de son procĂšs, lâĂglise Synagogue du Gabon et le ProphĂšte Emmanuel NDZOMA constituent deux personnes, la premiĂšre est dite morale et la seconde est physique, toutes les deux bien distinctes.
Rappelons Ă©galement que la responsabilitĂ© pĂ©nale est avant tout individuelle et, Ă
ce titre, les actes du prophÚte ne peuvent à eux-seuls engager la responsabilité de
lâĂglise Synagogue du Gabon qui est une entitĂ© indĂ©pendante dirigĂ©e par un clergĂ©
capable dâen assurer la continuitĂ©.
 » Je demande donc la rĂ©ouverture de lâĂ©glise la synagogue du Gabon. «Â
DÚs lors, au-delà des accusations portées contre le ProphÚte, que reproche-t-on
exactement Ă cette Ă©glise ? Le ministĂšre invoque des pratiques religieuses qui
porteraient atteintes au respect de la vie privĂ©e familiale, aux bonnes mĆurs et Ă
lâordre public.
Si les motifs allĂ©guĂ©s nâont apparemment pas de lien avec les faits reprochĂ©s au ProphĂšte lui-mĂȘme, la concomitance des deux affaires peut tout de mĂȘme
surprendre.

Certes, la loi permet au MinistĂšre de lâIntĂ©rieur de prendre une sanction administrative, mais seule la Justice est Ă mĂȘme dâen dĂ©terminer le bien fondĂ©, en vertu du principe de sĂ©paration des pouvoirs exĂ©cutifs et judiciaires.
Câest pour cela que je souhaite que toute la lumiĂšre soit faite et que la justice soit
saisie afin de dĂ©terminer si la fermeture Ă titre conservatoire de lâĂglise Synagogue
du Gabon est justifiée.
En effet, ce sont les juges qui peuvent dĂ©cider si la dĂ©cision du MinistĂšre constitue une ingĂ©rence dans les affaires religieuses et si elle est constitutive dâun abus de pouvoir, car il faut rappeler que les communautĂ©s religieuses sâadministrent et gĂšrent leurs affaires de façon autonome.
En attendant que la justice tranche, force est de constater que cette affaire illustre la nĂ©cessitĂ© de rĂ©former le dispositif juridique rĂ©glementant le statut des organisations religieuses, comme jâai dĂ©jĂ eu lâoccasion de le rĂ©clamer. Lorsque Victor Hugo Ă©crit « Je veux lâĂtat laĂŻc, exclusivement laĂŻc⊠Je veux ce que voulaient nos pĂšres, lâĂglise chez elle et lâĂtat chez lui. », cela signifie, Ă mon sens que lâĂtat nâa pas Ă juger des pratiques de lâĂglise qui relĂšvent essentiellement de la foi et du divin.
Câest la raison pour laquelle, il y a quelques mois, jâai partagĂ© ma vision de la pratique religieuse dans laquelle je proposais la crĂ©ation dâun Haut Conseil Gabonais des Religions (HCGR) essentiellement composĂ© de religieux et qui aurait, entre autres prĂ©rogatives, de conseiller lâĂtat sur les questions de pratiques religieuses et
dâĂ©thique mais aussi de mener des enquĂȘtes de moralitĂ©.
Je pense quâil sâagit-lĂ du meilleur moyen dâaccompagner les communautĂ©s
religieuses en garantissant les libertés fondamentales protégées par notre
Constitution que je défends et défendrai toujours pour chaque gabonaise et chaque gabonais.
Au nom de mes engagements et mes convictions politiques, jâattire une nouvelle
fois lâattention de tous sur la nĂ©cessitĂ© de repenser la place de la religion dans notre
sociĂ©tĂ© tout en veillant Ă ce quâaucune dĂ©cision arbitraire ne puisse causer du tort Ă lâĂglise ou Ă lâĂtat.
Câest le fondement du principe de laĂŻcitĂ© qui doit garantir que toutes les confessions de foi bĂ©nĂ©ficient dâun traitement Ă©quitable et Ă©gal devant la loi.
Ensemble ⊠Maintenant, servons le Gabon !