Estuaire/Transfert du statut de capitale provinciale à Akanda : le tollé des populations autochtones

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Dans l’ouvrage : « La haute fonction publique au Gabon », le Docteur Fabrice Mfoule Mba, défini les problématiques de modernisation des politiques et services publics comme étant des outils qui laissent entrevoir une forte prégnance des logiques « géoethniques » qui mobilisent plusieurs réseaux, mais considèrent aussi de multiples critères qui impactent l’administration à travers l’histoire.

En effet la proposition du projet de décret du Conseil des ministres en sa séance du Jeudi 14 avril 2022 portant sur la dénomination des chefs lieux de provinces suscite de nombreuses controverses. Notamment la délocalisation du statut de capitale provinciale de l’Estuaire de Libreville pour Akanda. Une manière de déshabiller Paul et habiller Pierre. Une décision politique inique et cinyque de la part des pouvoirs publics qui confirment leur échec dans la mise en œuvre de véritables programme d’urbanisation et d’aménagement du territoire estiment, quant à elles, les populations autochtones. Qui rappellent, toute fois, aux décideurs cette obligation du respect de l’histoire du pays et de « l’authoctonie », peut-on lire à travers la toile et les réseaux sociaux.

L’on ne comprend pas l’urgence du fait que Libreville emblématique ville historique du Gabon soit déclassée capitale de l’Estuaire au profit d’Akanda, commune à peine naissante et qui ne dispose pas encore de ces commodités modernes, dont la capitale a grand besoin, pour aspirer aux grandes ambitions de développement.

Les principales communautés originaires de Libreville (Fang-Mongwé) commencent déjà à s’opposer à cette décision qualifiée de méprisable par certaines personnes. Car prise au moment où une native de la province, Rose-Christiane Ossouka Raponda, assume son passage à la tête du gouvernement.

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D’ailleurs, il souviendrait que lors du vote sur la dépénalisation de l’homosexualité qui a fait grand bruit dans le pays, un autre ressortissant de la province, Julien Nkoghé Bekalé, assumait les fonctions de Premier ministre. Est-ce là une volonté de nuisance des élites de l’Estuaire par la prise de décisions imposées et impopulaires, s’interrogent de nombreux acteurs.

Aux portes de Libreville par la Nationale 1, la localité de Ntoum, a toujours été considérée comme seconde ville de la province. Un statut qui lui vaut aujourd’hui cette participation dans le « Grand Libreville « . Au cas la capitale du pays s’errigeait en ville autonome. Encore que Ntoum dans son avancé de transformation administrative et industrielle, lors de l’extension du périmètre urbain de la commune de Libreville, a connue l’implantation de plusieurs services publics de l’État, notamment la Cour des comptes, le tribunal, la documentation, le commerce, la consommation, les transports, habitat-cadastre, jeunesse-sport, eaux et forêts, trésor public, affaire sociale et famille, la zone économique spéciale de Nkok… Est-ce le manque de volonté politique ou le réalisme des pouvoirs publics dans la poursuite du développement de la contrée qui ont poussé le gouvernement à la proposition de ce projet de décret controversé ?

Pourtant, selon de nombreux observateurs, la commune de Ntoum est aussi une ville historique du fait de son parcours, au regard des premiers services publics qui s’y implantent dans les années 50. Notamment la délocalisation du Centre d’Etat-civil de Libreville, la Collectivité rurale de Libreville, aujourd’hui Conseil départementale du Komo-Mondah (CDKM)…

Ce projet de loi controversé pris la veille d’une année électorale sonne comme le désaveu des pouvoirs publics sur la politique de l’aménagement du territoire à travers l’echec de la mise en œuvre du Fonds d’initiative départementale (FID) ainsi que de l’impossibilité mise en application effective de la loi sur la décentralisation.

Thierry Mocktar

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