Dans le cadre de notre activité de veille stratégique, le vendredi dernier, dès l’aube, nous nous sommes amusés à scruter les pages Facebook de certains Acteurs politiques gabonais de l’opposition ; nous avons choisi volontairement le réseau social Facebook comme baromètre d’évaluation, pour des raisons strictement personnelles. Nous avons voulu rester dans l’esprit de notre dernier libre propos, qui abordait un angle de cette réflexion globale portant sur le pouvoir des réseaux sociaux, notamment, Facebook, comme nouveau théâtre des rivalités de pouvoir entre les acteurs politiques gabonais. Après avoir scruté les pages de ces diverses acteurs politiques de l’opposition, il en ressort ce qui suit :
- Leader 1 : Sa dernière publication facebook concerne le décès de Monsieur Casimir Oyé Mba.
- Leader 2 : Sa dernière publication datant de mi-octobre 2021, concerne un message de condoléance à la suite du décès de son parent, ancienne personnalité du pays.
- Leader 3 : Sa dernière publication qui date de mi-juillet 2019, concerne un thème abordant des techniques d’estime de soi.
- Leader 4 : Sa dernière publication sur son compte Facebook date de mi-mars 2019, portant sur sa participation à une émission sur le Franc Cfa.
A ce niveau de notre propos introductif, chaque lecteur pourra faire sa propre analyse sans passion, tout en gardant la tête froide. Pour notre part, nous pensons que certains acteurs politiques de l’opposition à la lumière de nos observations, ne communiquent pas assez sur leurs actions politiques, ils sont donc presqu’inexistants sur les réseaux sociaux.
A titre de rappel, Facebook privilégie à la fois une présentation individuelle de soi (Statut personnel, passe-temps, photos), et une manifestation de ses relations sociales. Ainsi, lorsque l’acteur politique se présente sur ce réseau social, il est à fois individu et représentant. Sa présence sur cette plateforme sociale est en même temps une confirmation de son Leadership, et de son positionnement politique. Ce dernier devrait alors se plier à la règle du jeu de Facebook, qui consiste en une présentation de soi par une série d’image et postes, afin de se connecter à d’autres « amis », qu’il pourrait transformer en potentiel électeurs.
Une autre remarque peut être faite, pour ces Leaders de l’opposition ; à la veille de chaque élection locale, législative ou présidentielle, ils passent plus leurs temps à « pleurnicher », en avançant le fallacieux argument du ‘’non accès équitable aux médias publics’’, comprenez tout simplement que ces derniers font allusion à la chaîne nationale, hier RTG 1, aujourd’hui Gabon 1ère. Or, Gabon télévision est un média classique et traditionnel, et pourtant ils sont sans ignorer que nous sommes à l’ère du numérique, et ils peuvent se passer des médias classiques tels que la télévision, radio ou de la presse papier sans remettre en cause le statut et l’importance de ces derniers. Les nouveaux médias ou réseaux sociaux acquièrent eux aussi une immense popularité et une notoriété, Facebook, Twitter, Linkdin, Google+ ou encore Instagram. Bien évidemment, la classe politique dans son ensemble n’échappe pas à cette expansion fulgurante d’internet ; les hommes politiques s’en servent de plus en plus d’ailleurs pour afficher leurs programmes et promouvoir leurs campagnes. Certains le font à travers des sites Web personnels, par le biais de celui de leur parti, mais également en passant par les réseaux sociaux. On observe un nombre croissant des personnalités possédant un profil sur un ou plusieurs réseaux sociaux. L’exemple le plus intéressant est celui du président des Etats-Unis, Barack Obama. Ce dernier avait misé énormément dans son plan de communication sur l’utilisation de ces réseaux et disposait d’une équipe qui s’occupait de tenir à jour ses différents profils virtuels. Tenir ses profils sans cesse à jour permettait à l’ancien Président Obama de rendre compte de ses activités et ainsi de donner une image très active, ceci pourrait expliquer pourquoi en 2008, Barack Obama gagnait le surnom de « Président Facebook », grâce évidemment à une stratégie de communication axée sur les réseaux sociaux.
Dans cette même lancée, huit ans plus tard, Donald Trump présente une autre version de ce président connecté, adapté à ses valeurs et à l’évolution du Web. Il faut souligner à toute fin utile que ce dernier était particulièrement attaché à Twitter bien avant d’être Président ; il utilisait ainsi par la suite son compte pour faire la promotion de sa campagne comme de ses idées. Parfois, à des heures tardives de la nuit, sur Twitter, Donald Trump écrivait en majuscule et publiait sur tous les sujets d’actualité, et même pour répondre sèchement à ses adversaires politiques.
Nous avons bien voulu prendre ces deux exemples des Présidents américains, pour mieux soutenir notre propos du jour ; et le choix de ces deux réseaux sociaux, que sont Facebook et Twitter, s’explique tout simplement par le fait qu’ils sont le plus côtés professionnellement, même si nous reconnaissons que TikTok, Youtube, Snapchat et Instagram ne sont pas à négliger. Les deux exemples cités en filigrane nous montrent effectivement qu’il y’a deux facteurs à prendre en compte : l’énergie, et le temps ; si vous avez l’énergie et le temps nécessaire, vous pouvez vous-même animer vos profils virtuels, ou à défaut de cela, nous conseillons à certains acteurs politiques gabonais, de s’entourer d’une équipe de professionnels afin de tenir leurs pages à jour. Les acteurs politiques gabonais doivent comprendre les nouveaux enjeux en terme de stratégie et de communication digitale, afin de mieux se positionner sur toutes ces plateformes de communications sociales. Cependant, nous sommes au regret de faire le constat que certains parmi eux sont restés dans le passé, et continuent d’adopter la posture des hommes politiques des années 60, refusant de s’arrimer aux exigences des NTIC, notamment en matière de communication et d’information. Nous le pensons comme d’autres avant nous, que nous avons amorcé la transition du siècle matérialisée par la civilisation de l’image : ‘’le tout image’’. Aujourd’hui, personne ne résiste à cette nouvelle mode ou norme, la promotion de l’image de soi ; chacun se préoccupe de plus en plus de ce qu’il est (Image), et non de ce qu’il dit (Discours). Depuis trois ans, il y’a un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur sur les réseaux sociaux notamment Facebook, la publication de beaucoup plus d’images, que des textes, et même les textes qui sont publiés, ils sont que peu de personne à prendre véritablement le temps de les parcourir intégralement. A l’ère du zapping, tout le monde va à l’essentiel et une image, une vidéo ont beaucoup plus impact qu’un texte.
De toute évidence, C’est l’occasion de l’affirmer ici, avec les réseaux sociaux les acteurs politiques du 21e siècle ont plus de facilité et, de possibilité de se faire connaître à l’échelle nationale et internationale. Grâce à la magie d’internet, en un clic, ces derniers peuvent diffuser leurs visions et leurs idéologies, afin d’impacter des milliers des personnes. Les acteurs politiques gabonais ne doivent pas perdre de vue le tryptique « Image-Position-Impact » ; cela dit, communiquer sur les réseaux sociaux ne se résume pas exclusivement à rédiger des textes, et les poster accompagnés des photos, il faut au préalable faire le diagnostic de votre positionnement en terme d’image sur les réseaux sociaux, ensuite définir une véritable stratégie digitale en s’inspirant du concept du ‘’Soft Power’’ (Le pouvoir de séduction) du Stratège Joseph Nye.
De plus, nous tenons à apporter une précision, les acteurs politiques ne doivent en aucun cas être sur les réseaux sociaux pour perdre leur temps, ils doivent comprendre qu’ils sont en compétition, et leurs adversaires également sont actifs de leur côté, adoptent des stratagèmes afin de réduire leur influence sur le monde virtuel : c’est pourquoi nous parlons de guerre d’image. Tout porte à croire que dans le contexte gabonais, communiquer sur les décès est très important, mais attendre uniquement les décès pour communiquer, entant qu’acteur politique, n’est pas très pertinent.
C’est l’occasion tout indiquée, de souligner ici, qu’avec l’internet, la communication politique est devenue plus interactive et de moins en moins unidirectionnelle. Les nouveaux médias comme nous le savons, ont un impact plutôt positif sur la mobilisation des sympathisants politiques. Nos Leaders politiques doivent le comprendre, le fait pour eux d’être présents et actifs sur les réseaux sociaux, c’est une occasion de gagner en « Visibilité », notamment pour les personnalités politiques qui n’ont pas les moyens d’émerger sur les médias traditionnels. A ce titre, Facebook, et plus largement les réseaux sociaux sont une opportunité, puisqu’ils permettent de faire entendre leur parole politique.
Par ailleurs, sur les réseaux sociaux, les politiques doivent s’adapter à la demande des utilisateurs, leurs discours doivent tenir compte d’un certain nombre de paramètres afin d’atteindre les résultats escomptés, à savoir : le contexte politique, les enjeux et la cible que l’on veut toucher, pour ne citer que cela. Les Leaders politiques gabonais ne doivent pas perdre de vue, que les électeurs cherchent de l’authenticité dans les discours des politiques, et les réseaux sociaux offrent cette possibilité ; et, comme le précise Jeremy Boissinot : « Les lives et les vidéos ont une incidence sur le capital sympathie des personnalités politiques », et nous d’ajouter également que, l’usage de ces réseaux doit donc être stratégique, adapté mais surtout professionnel.
En définitive, les réseaux sociaux offrent une audience large, ils permettent aussi une segmentation et répondent donc à une préoccupation constante des politiques, à savoir, la proximité ; car si le « Président numérique » a su mobiliser l’opinion, c’est aussi en parti grâce à une campagne digitale très habile. Les Leaders politiques gabonais doivent s’investir davantage sur les réseaux sociaux, ils doivent mieux structurer leurs stratégies de communication sur les nouveaux médias, et, si cela s’avère être une tache relativement difficile, il serait souhaitable qu’ils s’entourent des professionnels.
Le compte Facebook d’un acteur politique devrait être un véritable laboratoire d’idées, et une base de données qui résume l’ensemble des activités de ce dernier. Malheureusement, la grande majorité communique peu, et n’attendent que la période des élections pour communiquer sur leurs actions. Nous le rappelons tout de même, bien qu’étant sur facebook, ils doivent rester professionnels et ne point s’éloigner de leurs objectifs ; à ce propos, nous sommes d’avis avec Arnaud Dassier lorsqu’il affirme que : « Ce n’est pas parce que nous sommes sur les réseaux sociaux que cela signifie que notre travail doit manquer de professionnalisme ».
SIMA MBA FRANCIS EDGARD
Géopolitologue/Géostratège.
Analyste politique.
Consultant international MCCA.
Expert Stratégie/Prospective et Intelligence politique.